Lorsque Mona Wallace s’éveilla ce matin là, elle se dirigea vers la porte d’entrée de son appartement. Non pas qu’elle eut voulu sortir en pyjama, simplement, la source du bruit qui l’avait tirée de sa torpeur venait de là. Elle s’étira, se hissa sur le bout de ses pieds et entreprit de regarder qui était de l’autre côté de la porte, grâce à l’œilleton. Le plus discrètement possible (ce qui n’est pas une mince affaire quand on vient juste de se lever) elle regarda et vit furtivement la silhouette de son propriétaire. L’homme tournait en rond, se prenant la tête entre les mains, jetant un œil accablé sur la porte de l’appartement et reprenait ses cents pas dans le couloir. Sa formation de détective et le manque d’argent grandissant dans son compte en banque indiquèrent à la jeune femme la raison de la visite si matinale du monsieur, de l’autre coté : il venait chercher le loyer !
Sachant maintenant qui était là, Mona entama une réflexion, ou plutôt un dilemme intérieur : ouvrir ou ne pas ouvrir. Ouvrir présentait des avantages ; elle serait débarrassée plus vite de cet invité pas franchement désiré. Ne pas ouvrir semblait plus risquer : c’était remettre cette discussion à plus tard, et de toute façon, fichue pour fichue, autant tirer ça au clair tout de suite. Tôt ou tard, elle devrait demander à cet homme de lui laisser plus de temps pour régler sa dette, et tant qu’à faire, mieux valait ne pas le faire poireauter des heures avant.
« Que faire, que faire, que faire ? se dit la jeune détective ; après tout, il ne sait pas que je suis là, et il ne m’a sans doute pas entendue, et si je sors par la fenêtre en passant par l’escalier de service, je pourrais rentrer ce soir en prétextant être sortie. Avec un peu de chance je croiserais même peut-être quelqu’un de l’agence qui me filera une affaire ! »
Une fois son petit monologue intérieur fini et sa décision prise, Mona fila sans bruit vers sa salle de bain, et en se voyant dans le miroir, constata qu’elle avait bien fait. Non, elle ne pouvait décemment pas sortir avec ces cheveux en bataille et ces cernes sous les yeux. Tout en faisant le moins de bruit possible, elle se débarrassa de son pyjama, fit sa toilette et enfila des vêtements. Elle rassembla quelques affaires dont elle pourrait avoir besoin dans la journée (portable, dictaphone, loupe, porte-monnaie), tenta d’ouvrir la fenêtre le plus discrètement possible et se faufila dehors. Tout en s’asseyant sur le rebord de sa fenêtre, Mona Wallace contempla la rue bondée de monde, sourit et jaugea la distance qui la séparait du palier de l’escalier. Elle prit un peut d’élan en balançant ses jambes et sauta, et faisant résonner le métal de l’escalier. Une minute plus tard, elle était en bas, au milieu des Londoniens qui allaient et venaient dans la rue. Elle s’assit sur un banc, regarda la fenêtre se don appartement encore ouverte et rit en songeant à son proprio qui faisait sa ronde dans le couloir, puis, elle respira un grand coup et regarda distraitement passer les gens dans la rue.
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Mer 2 Mar - 22:16